Baudelaire est un poète du XIXème siècle. — Charles Baudelaire. Ce poème réalise ainsi une des quêtes baudelairiennes fondamentales, d’ordre à la fois esthétique et métaphysique : traduire par des images nécessairement finies l’infinixx, ainsi que l’affirme avec force « Le Voyage » : Et nous allons, suivant le rythme de la lame,Berçant notre infini sur le fini des mers. Le poème de Charles Baudelaire, L’homme et la mer, expose d’une façon singulière les relations de l’être humain avec l’océan.Nous proposons ici une lecture analytique, vers après vers, sans prétention autre que celle d’éclairer, d’un seul point de vue psychologique, ce qui … Swipe to page Lecture du texte Problématique : No cette correspondanc Plan : Nous verrons lhomme et la mer, no ors ans quel but il ét… 4La métaphore marine romantique se caractérise donc par le fait qu’elle se place non seulement en position intermédiaire, mais en constante relation dynamique avec, d’une part, un phénomène infra-linguistique dans lequel elle trouve sa source, les synesthésies ; d’autre part un phénomène supra-linguistique qui tend à fédérer le sens quand elle se développe en réseau, le symbole. Sous l’influence de la pensée analogique et parce que la quête du sacré coïncide avec un effort de perception holistique du monde conçu comme cosmos porteur de sens, la métaphore marine tend chez les Romantiques à s’organiser en symbole, c’est-à-dire à développer une intuition sensible ou affective en appréhension intellectualisée. L’eau, écrit Bachelard ", C’est un pas vers la correspondance. En effet, la « vraie réalité » ne relève pas du concret immédiatement perceptible mais d’une révélation accordée à celui-là seul qui, sorti de la caverne, accède aux Idées. Chez Baudelaire, l'amour revêt deux formes : spiritualisé, il permet d'échapper au Spleen et d'atteindre l'Idéal; sensuel, en revanche, il conduit souvent à la passion et aux amertumes qui l'accompagnent. 11Il s’agit bien sûr d’un cri de détresse pour échapper au désespoir, mais, plus profondément, il faut aussi comprendre cette prière comme un souhait de supporter la désillusion après avoir contemplé l’infini. Or, si la mer n’apparaît pas dans « Correspondances », la réalisation par l’imagination de l’Idéal que propose ce poème s’exprime presque toujours à travers elle, en dissociant le plus souvent l’un et l’autre des axes dominants. viens voyager dans les rêves ». Homme libre, toujours tu chériras la mer ! L’eau devient ainsi peu à peu, dans une contemplation qui s’approfondit, un élément de l’imagination matérialisante“. La mélancolie prend la forme du jet d’eau et l’âme de la “pauvre amante“ épouse son inexorable courbe : Les images à la fois fluides et sonores sont fréquentes chez Baudelaire si l’on en juge par les exemples cités plus haut. 30 Comment, dans cette logique, lire « Le Voyage » ? Il est lauteur dun recueil Les Fleurs du mal dans lequel il exprime tout à la fois son aspiration à lidéal et la conscience de ne pouvoir y parvenir. 19Ce phénomène poétique d’extension du procédé métaphorique est frappant chez Baudelaire. L’élément peut n’être plus que tristesse sublimée : John Atkinson Grimshaw - Figure by a moonlit lake (1876). Matthew Pryor Il a rêvé de la mer lointaine, lui, le poète qui change constamment de domicile dans un Paris bien souvent sinistre. — Charles Baudelaire . En second plan, l’image du port se concentre sur les navires. “S’il a cette tendresse pour la mer – comme l’écrit Jean-Paul Sartre – c’est que c’est un minéral mobile.“ mais aussi sonore. Tel est exactement, selon Baudelaire, le cas pour la mer. En arrière-plan se profile un port qui suggère toute la magie du grand large. Et voilà que Baudelaire entend “la musique des eaux jaillissantes“. Elle seule pourtant, dans un paradoxe qui n’est qu’apparent, laisse place à l’espérance : la connaissance entraînerait la satiété qui conduit au spleen. L’effet d’interrelation apparaît d’autant plus renforcé qu’il s’agit d’une image archétypale servant de support à l’expression du sacré – ou plus exactement, que la mer révèle pour les Romantiques le sacré alors que la fin du siècle en placera volontiers la source dans la conscience qui le saisit. Plus novateur que la métaphore maxima hugolienne qui joue sur un rapprochement immédiat, le procédé de l’analogie chez Baudelaire déplace le traitement habituel de la métaphore marine, normalement construite dans un mouvement de fuite verticale vers la dimension supérieure des harmonies, au profit d’un centrage essentiellement spéculaire, d’une sorte de corps à corps entre les deux termes. Baudelaire est à la fois celui qui voudrait croire – en Dieu comme dans le pouvoir du poète – et celui que son expérience confronte inexorablement à la perte de toute foi : foi religieuse, foi dans la fonction orphique, foi dans le pouvoir qu’aurait la poésie lyrique de donner forme à l’informe, et par là de contenir l’indéfini. La double synecdoque qui les qualifie, « un port rempli de voiles et de mâts », met en valeur la partie tout aérienne du gréement, celle qui favorise le départ, mais également qui concilie lignes droite et courbe grâce au bercement des vaguesxiii. Le jet d’eau permet ici d’entretenir un sentiment, une émotion ; il ne les provoque pas : l’élément aquatique prolonge par son aspect sonore, une impression vécue. Ainsi dans Le Spleen de Paris, les mangeurs de lotus connaissent les. Le métal, comme je l’ai montré, sonne chez Baudelaire et appelle le souvenir. La suggestion naît du va-et-vient des transferts de sens et non d’une vérité supérieure. Une telle ambivalence conduit le poète à mettre en œuvre bien des procédés et modes de pensée face auxquels son attitude, indissociablement double, oscille entre soif d’adhésion et dénégation ironique. Le poète a souvent songé à Honfleur où habitait sa mère, Madame Aupick. ‘L’HOMME ET LA MER’ Homme libre, toujours tu chériras la mer! Aux côtés de la métaphore en tant que trope ou trope continué, elle donne un rôle privilégié à la synecdoque qui enrichit le travail poétique de transmutation du sensxxi. « Correspondances » reprend certes dans son premier quatrain la traditionnelle vision verticale, mais consacre les trois autres strophes au système qui établit des relations d’analogies horizontales d’un sens à l’autre. 10L’ambivalence de ce rapport se retrouve exprimé de façon tout aussi frappante dans « Un Voyage à Cythère » dont la composition semble avoir accompagné celle de « L’Homme et la merx ». On rejoint ainsi la représentation symbolique de la plénitude, dont la symbolisation emprunte surtout à la profondeur de champ, corrélée à l’expansion synesthésique : faut-il s’étonner que, hormis « Le Chat », tous les poèmes qui privilégient les synesthésies, « La Vie antérieure », « Parfum exotique », « La Chevelure » ou « L’Invitation au voyage », sans parler de leurs correspondants en prose, aient pour cadre un paysage marin ? 8Le système analogique ne se limite pas à un essor vers la transcendance. Après L'albatros, de Baudelaire, je vous propose un autre poème traité à la sauce OuLiPo, choisi ici dans ses poèmes. De « L’Albatros » au « Voyage », en passant par des jalons plus nombreux que je ne l’ai montré ici, se dessine ainsi un parcours cohérent qui intègre la métaphore marine dans un symbolisme couvrant l’ensemble du recueil. 33 Le traitement de la pensée analogique connaît donc bien une évolution au fil du temps chez Baudelaire, conduisant vers sa remise en cause. (3) ; il a même été question de L’éducation du sens auditif chez Baudelaire, titre de la thèse d’Enyss Djemil, de La mer et la musique dans l’œuvre de Baudelaire (4) , et de La musique de Baudelaire dans l’article de Jacques Pechenart, pour le centenaire des Fleurs du Mal (5) . Les « Tableaux parisiens », comme l’a magistralement montré Jérôme Thélotxxviii, signent « la fin de la poésie », déchoient le poète de sa puissance orphique, dénient à la poésie lyrique son pouvoir de mise en forme. Le jet d’eau était lié à l’amour ; la mer se trouve ici associée au ciel et à l’espace et le, Parallèlement à la cadence régulière du va-et-vient de la houle, s’établit le flux et le. L’esprit admet l’idée d’un espace illimité à cause de l’impossibilité plus grande de concevoir celle d’un espace limité. La mémoire, c'est la scène principale – le deuil et la mélancolie sont capables de ramener les figures antiques jusque dans la modernité. Homme libre, toujours tu chériras la mer ! » Le mouvement de bascule de la perception confiante de l’infini à l’appréhension incontrôlable de l’indéfini transforme sa réaction face au paysage, provoque sa révolte, et surtout paralyse sa faculté créatrice. Comme l’écrit Poe dans Eurêka. Suivant la composition, en deux étapes. Voici une lecture linéaire du poème « L’homme et la mer » de Charles Baudelaire.. L’homme et la mer, introduction. Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets! L'Homme et la Mer est un poème de Charles Baudelaire contenu dans la section Spleen et idéal de son recueil Les Fleurs du mal. © Tous les textes et documents disponibles sur ce site, sont, sauf mention contraire, protégés par une licence Creative Common. Plus loin, dans les « Tableaux parisiens », « Les sept Vieillards » évoquent par une métaphore marine la déroute du poète face à la débilitante apparition des spectres multipliésxxxiii : Vainement ma raison voulait prendre la barre ;La tempête en jouant déroutait ses efforts,Et mon âme dansait, dansait, vieille gabarreSans mâts, sur une mer monstrueuse et sans bords ! 15Baudelaire propose ici de la théorie des harmonies un usage dont l’originalité tient une fois encore à l’importance qu’il accorde aux sensations. Nous rejoignons ici la conception romantique du pouvoir du poète conçu comme révélateur au cœur des harmonies. 24 Il n’a échappé à personne que l’infini diminutif, outre une réflexion sur la mer, constitue avant tout une profession de foi esthétique qui rejoint le souci tant réitéré chez Baudelaire de la concentration, du resserrement de la forme, et justifie son enthousiasme pour le sonnetxxv. C’est un pas vers la correspondance. Dans Le Spleen de Paris, « Le Confiteor » redit toute l’ambiguïté du rapport à la mer, « Déjà ! L'Homme Et La Mer (Man And The Sea) Poem by Charles Baudelaire. Il n’en est pas moins vrai que de ce fait, contrairement à l’habitude de Baudelaire, la métaphore finale ne trouve pas de fondement matériel au sein du poème, sinon dans l’illusion de ceux qui contemplent les voyageurs. 26 Partir est donc indispensable, « partir pour partir », « plonger au fond du gouffre […] pour trouver du nouveau ». Bassim, Tamara. « L’infini diminutif » porte en lui la beauté plénière de « l’infini total » puisqu’il en est la seule image accessible à l’homme : Douze ou quatorze lieues (sur le diamètre), douze ou quatorze lieues de liquide en mouvement suffisent pour donner la plus haute idée de beauté qui soit offerte à l’homme sur son habitacle transitoirexviii. Dans la version de février 1859, le voyage est réel : promesse d’ailleurs pour ceux qui partent, peut-être plus encore pour ceux qui les contemplent, il avorte dans une atroce déception lorsqu’il nous renvoie au sinistre quotidien, au « spectacle ennuyeux de l’immortel péché », au « grand troupeau parqué par le Destin ». UVic Library. Après s’être plongé avec délices dans la contemplation de l’infini, le poète éprouve soudain un vertige de perdition « car dans la grandeur de la rêverie, le moi se perd vitexiv ! L’un tient au traitement de la métaphore : nous avons vu jusqu’ici que la métaphore marine chez Baudelaire fonde sa suggestivité dans une minutieuse exploitation poétique des caractéristiques concrètes du référent matériel. En cela, elle ne se distingue pas de la conception qu’en ont les Symbolistes et tend donc à se constituer en « charme de la poésie » plutôt qu’en « déchiffrement de la nature ». Mais il ne s’agit bien là que d’une certaine musique. La mer – qui fascine Baudelaire, L’ « océan où la splendeur éclate » (Mœsta et errabunda). Le voyage dont la raison d’être réside dans un but à atteindre ne peut que vouer le poète à la déception : « Un Voyage à Cythère », les six premières sections du « Voyage » en 1859, le poème en prose « Déjà ! Au lieu d’un essor partant du concret pour monter vers la transcendance, l’analogie baudelairienne voyage en boucle, instaure un mouvement de plongée au cœur des deux termes rapprochés et ouvre, plus exactement qu’à la contemplation de l’infini, à la contemplation de soi en confrontation avec l’infinixix. Devenu vaisseau, il éprouve une sensation duelle, que traduit la violente asymétrie entre alexandrins et pentasyllabes : certes, il souffre de la tempête ; cependant – et cet aspect domine – la grosse mer et le vent lui impriment un dynamisme plein d’allant qui semble engendrer de lui-même l’enthousiasme de voguer plus avant. La notion d’infini risque fort de rester inaccessible et donc d’engendrer le vertige, à moins qu’il ne se trouve une image qui la concrétise et la mette ainsi à la portée de l’esprit humain. Anthologie Recueil : La Fable du monde (1938). Man and the Sea C’est en effet parce qu’il est impossible à l’homme de découvrir les secrets de la mer qu’elle peut représenter pour lui l’Idéal qui seul mérite et justifie une quête acharnée et sans fin. Baudelaire, Charles. Pour conjurer le retour au même, la mer doit être perpétuellement ouverture vers l’ailleurs, promesse inassouvie. L’infini est ainsi intégré comme perspective de profondeur, à l’intérieur même d’un décor familier mais embelli par l’exotisme. © 2020 by anthologia. Baudelaire, tout en mettant l’accent sur les synesthésies, s’y conforme à la représentation romantique des analogies : dans cette perspective, la mer est tout entière du côté de l’Idéal, formant ainsi une exception notable dans le recueil. Le fonctionnement de la métaphore marine, en revanche, connaît un infléchissement notable du fait qu’elle sert l’expression du sacrévi. 16L’esprit conçoit abstraitement ou pallie par l’imagination ce dont il ne saurait se faire une représentation concrète. 1Se plonger dans l’œuvre de Baudelaire est l’occasion de se trouver aux prises avec un enchevêtrement d’aspirations sans cesse réitérées et toujours déçues, de renoncements souvent désespérés – preuve par là-même que l’espoir existait – et de détachements parfois cyniques. Aujourd'hui, je vous propose donc un… Ces réserves faites, il n’en reste pas moins qu’au cœur de l’œuvre s’épanouit un motif, la mer, qui privilégie l’accès au grand répertoire des analogies et en dévoile les conflitsiii. 34 De déchiffrement d’une vérité extérieure, le signe est donc bien devenu charme de la création poétique – dans un mouvement trouble qui mêle renoncement désespéré au pouvoir du poète et fascination pour le « nouveau » auquel ouvre, non la plongée dans la mer des Ténèbres, mais bien plutôt désormais l’alchimie du verbe. Web. C’est par la combinaison de ces deux modes d’approche que l’homme peut appréhender l’univers dans toutes ses dimensions poétiques, c’est-à-dire dans les multiples facettes de la Création. La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini … "Baudelaire a toujours été particulièrement sensible à la vision de l’eau, même lorsqu’il n’était pas sous l’effet des stupéfiants. Quelle est alors la véritable signification de la musique des houles ? Mais lorsqu’à son approche, le poète rencontre « un gibet symbolique où pendait [s]on image », il bascule dans l’horreur et réagit en priant : – Ah ! Je me concentrerai ici sur Les Fleurs du Mal, par manque de temps, certes, mais surtout pour tenter de croiser une approche thématique avec les données propres à la structure du recueil et, dans la mesure où l’on peut en avoir les éléments, les données génétiquesiv. Jules Supervielle. « À celle qui est trop gaie. Marie BLAIN-PINEL, Université de Nantes, « La métaphore marine chez Baudelaire ou la crise de la pensée analogique », Fabula / Les colloques, Le poème fait signe, URL : http://www.fabula.org/colloques/document384.php, page consultée le 10 avril 2021. Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remords, Tellement vous aimez le carnage et la mort, Ô lutteurs éternels, ô frères implacables! On ne peut pas la calculer ce qu´on voit par la catastrophe du tsunami, il y quelques mois. Elle a d’autres poissons, D’autres vagues aussi. » C’est précisément cette mise en crise de la pensée analogique que je souhaiterais interroger. Ce n’est que dans Mon cœur mis à nu, à partir de 1859, que Baudelaire donne une formulation nette à la résolution de ce problème dans le fameux passage sur l’infini diminutif : Pourquoi le spectacle de la mer est-il si infiniment et si éternellement agréable ? Toutes, c’est notable, trouvent place dans des poèmes ajoutés dans l’édition de 1861. En prenant en considération la femme chez Baudelaire, beaucoup de chercheurs ont examiné la relation entre Baudelaire et sa mère, et la façon dont elle apparaît dans ses poèmes. « L’Albatros », nous l’avons vu, renforce à l’orée du recueil la lecture romantique, induisant dans sa logique une lecture similaire du « Voyage ». 3 Chez Baudelaire, dont la vie et l’œuvre se déroulent entre le romantisme et l’allégorie moderne, la question se pose de l’invention de l’étranger, et de l’étrangeté en tant que telle dans le cadre de la ville moderne. La plus frappante d’entre elles qui, par son audace, pourrait être érigée en emblème de la transmutation poétique opérée par l’analogie marine, se rencontre dans « La Chevelure »xxiii : Je plongerai ma tête amoureuse d’ivresseDans ce noir océan où l’autre est enfermé. Le poème a été adapté en bande dessinée chez les éditions Petit à … 117 Le paysage cependant demande à être précisé : les synesthésies n’interviennent jamais dans une perspective de grand large mais toujours dans le cadre d’une île ou d’un port présentant la mer en arrière-plan. Elle joue fondamentalement sur le va-et-vient entre terme concret et terme abstrait : la hiérarchie latente entre signifiant et signifié disparaît puisque le sens se creuse par un enrichissement mutuel de la suggestivité des deux pôles. Dans Le poème du haschisch, le lecteur retrouve une variante de Du vin et du haschisch : L’harmonie qui se dégage de ces eaux est due, pour une bonne part, au caractère, sonore des éléments. 21Partant de deux éléments concrets dont la représentation visuelle est fort aisée, Baudelaire joue sur la force matérielle de l’image pour évoquer une notion abstraite (l’étendue de la sensation et du sentiment amoureux) et étrangère à l’élément concret « chevelure », en transférant sur ce terme, par une inversion du rapport logique, la connotation abstraite (l’infini) liée à l’Océan. L’ajout d’« Obsession »xxxi, répondant marin de « Correspondances »xxxii, en signifie la faillite dans un retournement cauchemardesque, toute ouverture vers l’altérité devenant impossible. La mer est toon miroir; tu contemples ton âme. Pourtant, Baudelaire retravaille ce poème de jeunesse et y ajoute une strophe qui par ses violentes allitérations dissonantes, à la limite de la cacophonie, mime l’étranglement du poète. Il permet de conjurer, par la direction et le cadrage des regards, une angoisse proprement métaphysique : la mer ouvre à l’infini, fascine et plonge dans les délices, mais aussi dans la terreur de se perdre. 29Et voilà la leçon de « La Musique » renversée, l’incapacité du poète proclamée, précisément dans le dernier vers dont la fonction consiste si souvent à ressaisir le poème par un effet de bouclage. Plus explicitement encore, « La Musique » développe en une analogie parfaite une illustration de l’état d’âme du poète face à la création. Il y a, comme l’écrit Bachelard, Le jet d’eau permet ici d’entretenir un sentiment, une émotion ; il ne les provoque pas : l’élément aquatique prolonge par son aspect sonore, une impression vécue. Tu te plais à plonger au sein de ton image; Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton coeur. donnez-moi la force et le courageDe contempler mon cœur et mon corps sans dégoûtxi ! 14Cet attentif travail de structuration des plans n’est pas seulement le fait d’un critique d’art. Les sections VII et VIII, qui apparaissent dans l’édition de 1861, se placent dans une perspective complètement analogique : Le monde, monotone et petit, aujourd’hui,Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :Une oasis d’horreur dans un désert d’ennuixxxiv ! Il n’est de vérité, et donc de beauté, que dans la transmutation que le regard subjectif fait subir au réel pour appréhender, à partir de ce réel, l’essence, l’Idéexvii. Supprimer la hiérarchie entre signifiant et signifié ne saurait être innocent. Title: Les images de l'eau chez Baudelaire: Creator: Steele, Elizabeth Jane: Publisher: University of British Columbia: Date Issued: 1987: Description: This study examines the correlation between water imagery and the expression of Spleen and the Ideal, the two poles of the psychological struggle fundamental to Baudelaire's identity. Acquisto, Joseph. 22 Mais non sans ambiguïté. 13« Parfum exotique » apparaît comme l’exemple typique de ce paysage d’île avec ses trois plans en progressive ouverture : l’île, le port et, deviné, le large. reflux de l’âme du poète vers l’homme. La métamorphose joue un rôle décisif chez plusieurs personnages évoqués dans “Le Cygne" de Baudelaire. Homme libre, toujours tu chériras la mer! "Baudelaire a toujours été particulièrement sensible à la vision de l’eau, même lorsqu’il n’était pas sous l’effet des stupéfiants. Une lecture ironique s’impose alors, plus difficile et supposant une connaissance plus intime de l’œuvre : sous l’affirmation volontariste se masquent l’échec, et la critique grinçante d’une illusion à laquelle pourtant il serait doux de pouvoir croire encore. Toujours est-il que le rêve de la forme efficiente, d’un infini dompté dans le cadre du poème, se perdxxix. En jouant sur les procédés de transfert de sens propres à chacune des deux figuresxxii, le poète fait de la mer un médiateur concret qui permet de concevoir l’inconcevable, traduire l’indicible. Comme l’écrit Michel Collot, « le sentiment romantique de la nature s’accompagne d’un pressentiment religieux qui ouvre l’âme non pas à l’évidence de Dieu, mais à son insondable obscuritéii ». La mer est ton miroir; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer. Du combat entre l’homme et la mer ? Baudelaire s’oriente vers les Petits poèmes en prose au début desquels l’Artiste clamera sa fascination et son impuissance dans son « Confiteor ». Neuchâtel, 1974. 7L’élan vertical est affirmé à l’orée du recueil par « Élévation », et confirmé en 1861 par l’ajout de « L’Albatros ». Il dit « tu » en parlant à l´homme ce qui montre sa relation intime avec ce-lui. Read Charles Baudelaire poem:Homme libre, toujours tu chériras la mer! Charles Baudelaire (1821-1867) est un poète postromantique considéré comme l'initiateur de la modernité par l'audace de ses images, son goût de la contradiction et l'originalité de son oeuvre. 23Jalon posé dans les « Tableaux parisiens », cette strophe guide le lecteur vers le « Berçant notre infini dans le fini des mers » du « Voyage ». Il y a, comme l’écrit Bachelard, “dans la substance de l’eau un type d’intimité, intimité bien différente de celles que suggèrent les profondeurs du feu ou de la pierre“. La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme. Ainsi, ce dont nous parle Baudelaire, serait de la difficulté pour les hommes à se comprendre eux-mêmes, et ce, malgré tous ces siècles de philosophie qu’ils ont déjà laissé. La deuxième raison tient à cette ligne de fuite qui structure l’édition de 1861, la quête du nouveau, dans et par la poésie : formellement beaucoup plus classique que les « Tableaux parisiens », « Le Voyage » n’apporte aucune nouveauté d’écriture, et moins encore l’avant-dernière section où s’amoncellent les références classiques, souvenirs grecs et latinsxxxv.
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